vendredi 15 novembre 2013

25 au 31 mai - Chine 2 - Vers le Tibet


Samedi 25 mai  /Absurdité chinoise
Nous ne sortons tous deux de notre sommeil qu'à neuf heures quinze ! Pour des gens qui ont habituellement du mal à dépasser les sept heures, ça en dit long !
Environ cinq ou six jours de travail sont prévus. Lhassa vient de nous passer sous le nez à deux jours près après trois mois de voyage.
L'agence chinoise dont dépend Nicolas a obtenu l'autorisation nécessaire pour faire pénétrer le groupe au Tibet. L'original de ce papier officiel est entre les mains de Pitchou, le guide tibétain qui encadre les quatre véhicules en route pour la ville sainte des bouddhistes tibétains.
Nous décidons de tenter l'aventure, nous y rendre par le train.
Direction la gare de Golmud pour prendre les billets. Mais la seule présentation par Nicolas de la photocopie de la fameuse autorisation est insuffisante. Il faut l'original. L'aventure tibétaine s'arrêterait elle là ?
C'était sans compter avec les folles propositions de notre guide et notre ténacité à ne pas vouloir s'avouer vaincu.
Si l'original de l'autorisation est nécessaire à Golmud, il ne l'est pas à Xining, ville située à 800 kilomètres plus a l'est/ nord-est. À la gare de cette ville, nous sommes assurés de pouvoir prendre les billets avec la seule photocopie du précieux sésame. Vous n'y comprenez rien ? Et bien si ça peut vous rassurer, nous non plus. C'est ça la Chine : Ordres et contre-ordres avec une grosse dose d'absurdité !!
Nous avons le temps, le train n'est pas cher. Seuls les milliers de kilomètres à faire nous font hésiter. En plus, savoir que dans un peu plus de vingt-quatre heures nous serons revenus à notre point de départ après avoir parcouru 1600 kilomètres uniquement pour aller prendre nos billets paraît on ne peut plus aberrant. Mais décisions est prise. De retour en France les regrets de ne pas avoir tenté notre chance seraient sans cesse ressassés.
Départ donc pour Xining à 22 heures. Comme partout, pour les accès à des lieux publics nous avons droit à une fouille des bagages et des personnes. Il est bien évident que pour cette dernière, nous choisissons si possible la file où sévit une fonctionnaire...mignonne !
Nicolas, qui reste sur place, a pu nous obtenir des couchettes « dures », autrement dit des secondes .
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Les premières sont dites "molles"! Une nuit sur les deux à faire s'annonce ainsi acceptable.

Dimanche 26 mai / Xining: un billet pour Lhassa

Au matin nous retrouvons un nouveau guide nous attendant à la sortie de la gare.
DSCN1477                                      Pas facile de trouver un chinois parmi des chinois!
Il va nous accompagner toute la journée. Le spectacle, sur une grande place magnifiquement fleurie,
DSCN1484                         Xining petite ville provinciale de 2,6 millions d’habitants…..
de plusieurs groupes pratiquant en musique leur gymnastique
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ou encore chantant en cœur sous la direction d'une chef bénévole, est fascinant.
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Un superbe musée sur le Tibet tout proche aura ensuite l'honneur de notre visite.
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Après quoi, la chaise d'un restaurant sera la bienvenue tant la nuit en train a été peu confortable.
DSCN1513                                     Fabrication de pâtes à la main
Quelques pas encore dans l'après-midi pour flâner dans un gigantesque parc très animé par une population en week-end, venue s'aérer.
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DSCN1522                Nous n’avons pas su si les chiots étaient destinés à la casserole.
Bien sûr, le billet de train pour Lhassa est depuis ce matin dans notre poche. Il ne reste plus qu'à patienter à la terrasse d'une guinguette au bord du grand lac agrémentant le parc. Un excellent thé aromatisé de divers fruits, trône devant nous.
Un bon dîner, puis, à 22heures à nouveau dans le train.
DSCN1531                                          Steward au garde à vous à l’entrée du wagon.
Après la traditionnelle fouille, nous entamons notre deuxième nuit, mais sans couchette cette fois.
C'est allongé dans le couloir à demi glissé sous les banquettes que Gérard pourra dormir environ six heures alors que Pierre, fidèle au siège « dur » du train, attrape la crève DSCN1536dans notre wagon non chauffé.




C'est allongé dans le couloir à demi glissé sous les banquettes que Gérard pourra dormir environ six heures alors que Pierre, fidèle au siège « dur » du train, attrape la crève dans notre wagon non chauffé.
 











 Au premier plan: Gérard: les vieux… ça dort beaucoup!

Lundi 27 mai / Enfin Lhassa

Au matin, nous sommes ainsi de retour à Golmud laissé 36 heures plus tôt. Mais, billet en poche, nous pouvons cette fois enchainer jusqu'à Lhassa.
Le trajet de jour est agréable.
DSCN1539  Gérard gardera longtemps le souvenir de la fille en jaune: Elle voulait l’amener chez elle!
Le beau temps permet d'admirer un paysage très aride et montagneux au début pour progressivement laisser place à une herbe rase faisant le régal de grands troupeaux de Yacks disséminés sur de hauts plateaux gigantesques à plus de 4 300 mètres d'altitude le plus souvent bordés de hauts sommets enneigés. Parfois, marmottes et gazelles (peut-être...) nous saluent au passage.
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Comme le train longe la route, nous revivons avec émotion, les étapes difficiles des jours précédents en reconnaissant les lieux.
DSCN1545                                                  A nouveau le Yangste Kiang
Finalement nous n'avons pas trouvé ce trajet ininterrompu de 24 heures, exagérément long ou exténuant ( c’est Gérard qui le dit).
Un col franchi à 5200m d'altitude fait sans doute de ce train, inauguré en 2006, le plus haut du monde.
À peu de temps de Lhassa, deux massifs montagneux exhibent chacun leur point culminant respectivement à plus de 6000m puis 7000m.
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Le jour vient tout juste de s'éteindre que le convoi s'immobilise en gare. Après quelque 48 heures de voyage, nous venons d'arriver à Lhassa.
A la descente du train un policier chinois parlant anglais nous saute dessus et nous accompagne jusqu’à la sortie pour vérifier qu’un guide nous attend bien et qu’il a l’original de l’autorisation d’entrée au Tibet. On n’y entre pas facilement!
En nous souhaitant la bienvenue le guide retenu par Nicolas nous offre une écharpe blanche. Une voiture avec chauffeur nous conduit à notre hôtel situé à 10km de la gare dans le vieux Lhassa.
Celui-ci rejoint, le sommeil est immédiat. En 48 heures nous avons parcouru 2800km.

 

Mardi 28 mai / On voulait voir Lhassa et on a vu Lhassa.
 
Des lectures que nous avons faites, des images vues soit au cinéma soit à la télévision il ne reste rien. Alexandra David Neel ne pourrait s’y retrouver.
La ville est moderne, ripoliné, aseptisé,”bétonisé”,”chinoisiné”. Bien sur il reste le Potala, restauré repeint chaque année, la vielle ville quant à elle est entièrement en travaux pour devenir  une ville touristique. L’armée et la police sont omniprésentes. Nous n’avons n’est jamais vu autant de policiers au mètre carré. Et comme il est interdit de les prendre  en photos nous n’avons pas beaucoup d’images de la ville moderne. Les magasins sont tenus généralement par des chinois, les publicités, les enseignes sont en idéogrammes, quelques fois en écriture tibétaine.
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Mais il y a les pèlerins tournant sans fin autour du Potala ou autour du Jokhand.
DSC00556                            Vente de beurre de yack pour les lampes des temples
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Dés neuf heures, visite du Potala.
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C’est un palais-forteresse du XVIIe siècle,  sur la colline de Marpari (« la colline rouge »), au centre de la vallée de Lhassa. Comprenant un « palais blanc » et un « palais rouge », ainsi que leurs bâtiments annexes, l'édifice incarne l'union du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel et leur rôle respectif dans l'administration du Tibet. Construit par le cinquième dalaï lama, le palais fut notamment le lieu de résidence principal de ses successeurs, jusqu'à la fuite du quatorzième, en Inde, après le soulèvement contre l'armée chinoise en 1959.
DSC00535          La partie rouge était réservé au Dalaî lama, la blanche à l’administration.

L'après-midi, nous ne refusons pas une bonne sieste avant d'aller nous promener en ville en soirée après les fortes chaleurs de l'après-midi. Nous sommes pourtant encore à 3800m d'altitude.
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Mercredi 29 mai / Monastères tibétains


Visite de deux monastères, l'un à quelques kilomètres de Lhassa le Drephung, et l'autre non loin de notre hôtel situé au cœur de la vieille ville le Jokhang.
Drepung est le plus grand de tous les monastères tibétains, et de fait à son apogée était le plus grand monastère au monde. Il a été fondé en 1416  Les 2e, 3e et 4e Dalaï-lama sont enterrés à Drepung. C’est aussi à Drepung que s'établit le 5°, avant de s'installer au Potala dont il ordonna la construction pour l'administration de l'État tibétain. Drepung est situé sur la montagne de Gambo Utse, à 5 kilomètres à l’ouest de Lhassa.
À son apogée, avant l'invasion chinoise du Tibet en 1951, le monastère a logé 15 000 moines.
Aujourd'hui la population au monastère est beaucoup plus restreinte avec simplement quelques centaines de moines. Imposée par le gouvernement chinois qui contrôle sévèrement les monastères tibétains,  la population monastique a considérablement baissée.
DSC00652                               Drapeaux de prières tendus dans la montagne.
DSC00643                             Vente de branches de genièvre en guise d’offrande.
DSC00659                                                            Chanteurs de sutra
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Impossible de photographier à l’intérieur les moines demandant 2,5€ par ….  pièces visités !!!
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L'argent distribué à profusion par les pèlerins en tous lieux de cet édifices, même hors des troncs, nous procure un réel sentiment de malaise. Les moines ramassant au balai et à la pelle ces offrandes papier ensuite stockées dans de grands sacs achèvent de nous écœurer. Le guide constatant notre profond ressentiment, hésite à continuer ses explications sur le Boudisme.
Le Jokhang,  est le premier  temple boudhiste construit au Tibet. Cœur spirituel de Lhassa et lieu de pèlerinage depuis des siècles.
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DSC00703     La seule photo prise à l’intérieur.  Des moines, gros et gras comptent leurs billets.
Demain doit nous ramener à Golmud auprès de notre habitation que nous espérons en état de marche. Toute fois, la décision de ne pas tenter le diable est prise. Nous prévenons Nicolas et le groupe de notre intention d'interrompre le circuit Chine pour rentrer seuls, au plus court, par les routes les meilleures. Ce sera un autre voyage, mais qui peut-être super sympa.
L'urgence est de sortir de Chine, car un véhicule étranger ne peut y rester quelque soit son état.
Encore au moins quinze jours pour atteindre via Pékin, la frontière Mongole.

 

Jeudi 30 mai
Lhassa, c'est fini. Nous allons reprendre le cours de notre voyage à bord de notre véhicule que nous espérons réparé. Dix heures de train à nouveau et nous serons à Golmud ce soir pour 22h30.
Stupéfiant de voir tout au long de la voie ferrée ces tentes isolées occupées par des gardes-voie. Au passage du train il n'est pas rare de les observer disséminés sur le parcours, au garde-à-vous, tournés vers le train et le saluant militairement.
Aux abords du point le plus élevé du parcours, le sol a blanchi sous une petite neige tombante.
Nicolas nous attend à la gare de Golmud pour nous aider à régler les dernières formalités avec le garage et organiser nos derniers quinze jours chinois : guide et itinéraire.
X'Ian est sur notre route future : nous n'aurons pas tout perdu.

Vendredi 31 mai / Faux départ
Nicolas doit nous conduire pour huit heures au garage. En effet, le groupe ne souhaitant pas être retardé un peu plus, il doit prendre la route en leur compagnie à 8h30. Auparavant il doit nous aider dans les démarches administratives nécessaires au garage pour récupérer notre véhicule réparé.
Le temps presse donc et notre guide nous invite à passer en premier au bivouac de nos quatre équipiers des mois ou jours précédents pour leur dire au revoir.
Seuls, Momo, Patricia, Armelle et Véronique viendront à notre rencontre nous dire quelques mots de réconfort. Nous les en remercions chaleureusement. Il est vrai qu'il n'est que 7h30 et que les douches peuvent être encore occupées !
Surprise ! Arrivés au garage, les ouvriers ont déjà replacé le porteur réparé, sous la cellule. Malheureusement, les astuces de montage connues du seul Gérard qui en est l'auteur ne s'inventent pas toutes seules. Il nous faut tout refaire, mais l'intention a été très appréciée.
Il reste encore avant de partir un gros travail de remise en place de nos affaires contenues dans le coffre du porteur totalement démonté. Puis pour diminuer le porte à faux et ainsi soulager le châssis, les roues vont quitter le panneau arrière pour prendre place vers l'avant sur le toit de la cellule.
Pour ce faire, il faut improviser une fixation par sanglage sur la benne, ce qui condamne l'ouverture de la grande baie vitrée du séjour et la porte du coffre à gaz.
Les doutes sur le bon comportement de l’embrayage avaient été signalés et la réparation demandée. Hors à peine partis, le patinage intempestif des disques nous oblige à faire demi-tour.
Nouveaux essais, quelques réglages sur la pédale et tout nous est signalé comme OK. Nous reprenons donc le départ, mais avec l'angoisse au ventre, car les symptômes persistent.
Quelques vingt kilomètres plus loin, la voiture est en roue libre, même vitesses enclenchées ; l'embrayage est mort. Le garage nous voit revenir sur sa dépanneuse. La situation devient compliquée et anxiogène !
Nous allons attendre dans notre petite demeure enfin retrouvée, que le démontage de demain révèle la maladie.

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