Nous passerons donc par Bishkek. Ainsi le mail pour Pierre toujours pas envoyé pourra-t'il l'être.
De suite un deuxième col indiqué 3586m sur la carte est attaqué. En fait deux tunnels permettent de rester aux environs des 3200m. Ce col dénommé Töö Ashuu est nettement moins spectaculaire que le précédent. A l'entrée de Bishkek, alors que le temps s'est bien dégradé, un espace internet me permet d'envoyer le mail des coordonnées de l'hôtel du rendez vous.
Vers19h 30 nous sommes sur un parking tranquille. Il pleut légèrement, le temps est froid
Lundi 29 avril
Départ pour Balikchi. La route toujours bonne et qui va devenir excellente, longe la frontière Kazakhe à quelques dizaines de mètres. Le temps se lève maintenant et laisse deviner une chaîne montagneuse enneigée sur notre droite. A midi nous avons gagné la petite ville du bout du lac par la traversée d'une zone accidentée et désertique aux belles couleurs de roches brunes.
Très peu de monde visible, des routes et ruelles tirées au cordeau et s’entrecoupant à 90°. Un petit air étrange de ville fantôme règne dans cette bourgade. Je pousse la porte de ce qui me semble pouvoir être un petit resto. Nous pouvons nous restaurer. Petit à petit quelques clients se présentent.
L'un d'eux, parlant Anglais nous donne l'état de la route comme rapidement assez difficile par le sud et presque bonne par le nord.
Le sud du lac étant décrit comme le plus sauvage et esthétique, nous le choisissons comme hors d'œuvre. Ainsi, si son état nous prend trop de temps, nous ferons un simple aller et retour. Notre étonnement est grand de circuler sur une petite route certes difficile mais tout à fait roulable sans jouer les virtuoses du volant. Quelques secteurs mauvais s'évitent par un bas-côté entretenu à la niveleuse. Ainsi à une heure de Karakol plantée à l'extrémité sud est du lac un chemin nous mène au bord de l'eau, masqués de la route par une plantation d'abricotiers, spécialité locale. Les hauts sommets du nord comme du sud sont restés cachés toute la journée, ne laissant deviner que leur base enneigée. Malgré ça, cette petite route a été un ravissement. Son parcours le plus souvent sauvage, zigzague parfois au bord de l'eau, parfois fait une petite incursion à l'intérieur des terres se faufilant entre les accidents de terrain d'une zone désertique colorée.
Ce soir beau ciel étoilé ! Pourvu que demain matin...
Mardi 30 avril
Quel ravissement ! Au lever à sept heures, les montagnes sont toutes dégagées. Décor splendide d'autant plus apprécié que les montagnes se sont toujours dérobées à notre regard depuis le début. Ça devenait frustrant.
Un berger coupant avec son troupeau notre bivouac, repartira quelques temps plus tard avec sa photo parmi nous, tirée par la petite imprimante de Momo.
Départ pour Karakol. Petite ville animée où une certaine ambiance de Chine est sensible. Le déjeuner sera pris dans une sorte de bazar réservé à la restauration. Tables et comptoirs sont ni plus ni moins que de gros murs de briques, bordés de banc en bois d'une stabilité douteuse. Une grande banque garnie de saladiers colorés de diverses préparations attend les affamés. On se fait servir dans des bols pour manger sur place ou dans des sachets plastiques pour emporter. Quelques baguettes sont entre les doigts de plusieurs clients. Parcours de la route nord pour un retour à Balikchi. Le revêtement de goudron est bon. Mais la route souvent éloignée du lac le rend rarement visible. Les montagnes ont encore reformé leur couverture nuageuse en début d'après midi. Si c'était à refaire, j'effectuerais l'aller et retour de la route sud, celle du nord m'étant apparue comme sans intérêt.
En plus à une vingtaine de km de Balikchi pas de bivouac au bord de l'eau en raison d'un bord marécageux. Mais le coin trouvé est tranquille et permettra une jolie vue sur les montagnes si elles daignent se dégager !
Mercredi 1er mai
Sur et autour du lac, ciel bas. Mais vers l'ouest notre direction, le ciel semble clair.
Dès les dix premiers km de la route de Narin direction sud, c'est un enchantement. Multitudes de couleurs dans des montagnes désertiques et accidentées. Route excellente.
Un peu avant Kochkor cinquante kilomètres environ au sud de Balikchi le passage d'un petit lac réservoir nous enchante.
Le départ de la petite route, où piste, traversant jusqu'à l'axe Osh / Bichkek est un peu plus loin.
Surprise, c'est goudronné. Paysage superbe. Sans cesse stoppés par de grands troupeaux souvent mélangés brebis, vaches et ânes, guidés par des gardiens à cheval nous nous régalons du spectacle. Les appareils photo crépitent. Un régal qui nous fait vite oublier le lac Isik-Köl qui vu dans les conditions du moment nous a laissés un peu sur notre faim. A revoir sans un nuage ! Quelques km avant le passage du col Kizart culminant à 2664 m la piste fait son apparition. Les cailloux enchâssés dans la terre secouent les mécaniques, obligeant à une vitesse réduite entre 20 et 30 km heure. Ce n'est en rien dérangeant, car les sommets enneigés lointains sont maintenant visibles. Dans les roulottes plantées au col, j’achète deux poissons frits histoire de participer à la survie de ces familles. Nous décidons de trouver la salle à manger un peu plus bas. Mais la topographie des lieux nous oblige à redescendre presque tout le col. Enfin un petit espace herbeux en bordure de rivière, encadré de deux roulottes de bergers distantes d'une centaine de mètres de part et d'autre. Bien sûr avant la fin de notre repas des enfants nous rendent visite. Deux garçons venus de la bicoque amont et deux fillettes de l'aval font leur apparition. Distribution de jouets et peluches plus visite de mon CC sont de mise. Tous assis à la table, un gâteau en main et jus d'orange servi, leurs yeux écarquillés scrutent le moindre détail de cette étrange roulote. L'un des garçons m'aidera à essorer le linge que je viens de rincer avec l'eau du petit cours d'eau. Tout se termine par le transport de ce petit monde jusqu'au au niveau de la cabane aval. Le garçon monté en cabine à mes côtés a été chargé de passer les vitesses.
Nous avançons plus vite qu'espéré. Décision est prise de se poser pour le reste de l’après-midi dès la mi-parcours de cette piste atteinte. Pas facile de trouver, mais c'est fait après le dépassement d'une longue zone où sont semées de nombreuses maisons. Vue imprenable sur les montagnes à 360° A peu de distance du campement, attaché à un piquet, broute un cheval. Près de lui, une masse sombre : un homme dort enveloppé dans son manteau. À la fin d'une séquence vidéo dont il fait les frais, notre homme se réveille, s'assied et me salue en apercevant ma présence. L'autorisation de filmer étant accordée, notre cavalier déjà bien âgé se prête de bonne grâce à nos objectifs. Pour se réveiller sans doute, il accepte volontiers un thé à la « maison » ? Après de longs dialogues de sourds de part et d'autre et l'examen de son pays sur la carte il retourne à sa monture et monte en selle sans détacher sa bête uniquement pour nous permettre de nouvelles photos. Après nous être salués, il reprendra sa position couchée auprès de sa monture.
Quelque temps plus tard, rentrant chez lui, il saluera chaleureusement la caméra qui bien sûr guettait son départ.
Jeudi 2 mai
Un SMS de Bernard nous indiquant qu'ils sont en train de se promener dans le même secteur que nous fait revoir quelque peu notre programme de la journée : et si, comme eux, nous tentions un petit tour du côté du lac Song-Köl. Situé derrière la petite chaîne de collines sur notre gauche, l'examen rapide de nos documents cartographiques montre une piste sans doute, démarrant à quelques kilomètres plus loin sur notre axe. Longue de soixante dix kilomètres, il ne nous coûte rien d'en examiner l'état au passage. Les routes ayant été bien meilleures que ce à quoi nous nous attendions, le temps ne presse plus. Sitôt dit, sitôt fait. Engagés sur une large piste caillouteuse qui secoue pas mal, l'envie de faire demi-tour nous gagne tous très vite. Mais c'était sans compter avec la beauté des lieux. De plus le sol est devenu un peu plus souple sur de nombreux tronçons. Nous nous enfonçons donc de trente cinq kilomètres avant de décider dans l'après midi le retour. Le temps se couvrant, et alors que la piste a par deux fois traversé le lit d'une rivière, il est plus prudent de ne pas risquer de se faire coincer par une petite crue.
En repassant sur les lieux du déjeuner, les deux gamins qui nous avaient tenu compagnie en jouant avec les petites voitures offertes, accourent pour nous saluer à nouveau n'hésitant pas, pour cela, à traverser à nouveau le lit de la rivière tout juste dégagée d'un pont de neige. De retour sur la route principale, en fait plus souvent piste que route, nous nous avançons pour trouver un coin tranquille avec vue sur les montagnes bien sûr (ça fait partie du cahier des charges...) et passer une fin d'après midi calmement, sans rouler, laver son linge, écrire son blog ou même faire sa toilette dans la rivière toute proche.
Ce soir l'orage menace mais en compensation nous offre une belle lumière.
Vendredi 3 mai
Il n'a pas éclaté, mais le ciel est chargé dès sept heures ce matin.
Au moment du départ, peu avant neuf heures, le ciel semble vouloir nous réserver le beau temps dans notre direction. Le goudron d'hier disparaît et fait maintenant place à la piste, bien plane si ce n'est une tôle ondulée courte, omniprésente.
Pas question d'appuyer sur le champignon pour effacer les ondulations…
…Dans un tel décor de gorges creusées par une rivière large, aux eaux tumultueuses, ce serait du gâchis. L'option tortue est adoptée pour parcourir les soixante et onze kilomètres de la journée et qui plus est sous le soleil.
A treize heures en pleine installation, prêts à « buller » le reste de la journée » dans une magnifique prairie avec vue sur les montagnes bien sûr, nous allons être délogés par les conseils avisés d'un paysan qui nous conseille de fuir l'orage menaçant sur le secteur.
Une montée d'eau pourrait nous coincer ai-je cru comprendre. Après déjeuner, sous un ciel devenu effectivement très menaçant nous nous exécutons pour trouver le lieu idéal du repos de l'après-midi et plus si possible. Un peu plus loin, à l'approche de l'ultime montée au pied du col Töö Ashuu (3586 mètres) où sera retrouvée la route de Osh empruntée à l'aller, c'est chose faite.
La boucle est bouclée ! A revoir, le Kirghizistan !
Samedi 4 mai
Retour au bercail ou presque.
Un bruit du côté des poulies courroies ventilateur et alternateur ou peut-être même de l'alternateur lui-même nous décide à retrouver Och rapidement pour avoir le temps de consulter un garage. Le temps est superbe et cette route, parcourue partiellement sous la pluie à l'aller, nous semble entièrement nouvelle. Un enchantement durant les deux cents premiers kilomètres de montagne. Passage du col Ala-bel Ashuu (3184 mètres)
En milieu d'après-midi, réalisant que demain sera dimanche et qu'il ne sera pas possible aujourd'hui d'abattre les presque cinq cents kilomètres nous séparant de Och, nous dormons au bord d'un petit lac peu avant Jalalabat (N 40°58'19,5 '' E 072°48'37,4'').
Dimanche 5 mai
La nuit a été super-calme auprès de ce joli petit lac.
Un des deux problèmes qui me tracassait depuis vingt-quatre heures est résolu. Le bruit venant du moteur côté du ventilateur, n'était rien d'autre qu'un bout de carénage plastique déclipsé par les secousses (on se demande bien pourquoi?). Momo et Patricia, oreille tendue au-dessus du moteur on très vite décelé l'origine exacte de ce bruit : les pales du ventilateur qui touchaient quelque chose.
Maintenant, direction Jalalabat pour y trouver des sous : tout le monde est à sec depuis vingt-quatre heures, presque des « clodos ».
Le gaz me fait défaut également depuis quarante-huit heures, ce qui à valu à Brigitte de passer fraîchement la nuit précédente au pied du col. Elle est presque prête à faire sienne la devise bien connue de mes proches : « Le froid c'est psychologique ! ». Ça va faire tache à la Guadeloupe (...pardon...Marie Galante...) d'ici peu !!! Dans ce pays, au contraire de son voisin Ouzbek qui a tout tablé sur le gaz, nous n'avons pas vu de distribution GPL où disons son équivalent. Par contre à plusieurs reprises, sur le bord du lac Isik-Cööl, nous avons aperçu des distributeurs ambulants servant au porte-à-porte. Après renseignement, nous trouvons ce qui manque à ma bouteille, peu avant le bifurcation pour Jalalabat sur la route de Bichkek, de suite à droite après le pont franchissant la rivière (N 40°54'55,1'' E 072°55'45,6'').
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Tout se recolle… | il suffit d’attendre 10 minutes… |
J’allais oublier les chaussures de Brigitte qui fatiguaient. Heureusement qu’il y a des experts au bazar!
Auparavant bien entendu il a fallu faire appel à un changeur pour regarnir les portes-monnaies, ce qui permettra de passer à table près du bazar pour l'équivalent de 5 € pour quatre.
Il fait chaud, c'est dimanche et l'envie de nous parquer en ville face à l'hôtel Osh dans un espace clos et gardé ne nous tenaille pas particulièrement.
Un bivouac de plus en pleine nature en se rapprochant au mieux du lac Aujiyan Suusak, une cinquantaine de kilomètres avant Osh. Accès difficile, réussi grâce à un pêcheur qui nous a invités à le suivre durant plus de 25 minutes. Vue agréable et coin on ne peu plus tranquille. Bien sûr le propriétaire des lieux nous a fait l'honneur d'une visite.
Lundi 6 mai
Pierre doit trouver le temps long à Osh. Mais j'avoue ne pas être trop pressé de finir en ville après ces dix jours de changement de rythme. Un peu une impression de fin de vacances.
A dix heures, pour la première fois nous voici tous regroupés. Le parking face à l’hôtel est un peu devenu le Q.G. Du groupe. Mon petit Ford adoré, fait toute fois exception à la règle. Un nouveau caprice au niveau de l'embrayage qui a tendance à patiner depuis trois jours, m'oblige à lui offrir un stage de remise aux normes chez le garagiste.
Brigitte va s'occuper de vérifier le bon déroulement de son embarquement pour la France demain matin, pendant qu'avec Pierre, nous partons à la recherche d'un garagiste.
Dix heures trente, notre choix est fait. La boîte de vitesse commence à quitter son emplacement favori et les disques d'embrayage, réduits à l'état de feuille de papier à cigarette font leur apparition.
Un taxi, copain du garagiste nous-mêmes tous au bazar, quartier automobile. Une recharge de ferrodo y est trouvée, apportée ailleurs chez un tourneur ajusteur qui va les riveter à la place des anciens. En compagnie de notre mécanicien, l'attente du remplacement des disques se fait au restaurant face au garage. L'essentiel vient d'être réglé en deux heures à peine. Il n'y a plus qu'à remonter.
Récupération des disques neufs chez le tourneur, remise en place sur le véhicule, du renfort arrive pour soulever les cent kilos de la boîte pour lui faire réintégrer sa place. Vissage, essais du bon débrayage avec la pédale et les visages réjouis tournent au masque des mauvais jours : Problème ! Lequel je ne sais pas, mais en tout cas la boîte ressort à nouveau de chez elle.
Avec Pierre nous nous regardons inquiets. Notre génial mécano aurait il atteint son seuil d'incompétence ?
Le garagiste d'à côté arrive en renfort. Par deux fois on nous affirme que tout sera fini pour la fin d'après-midi. Notre mécano, multiplie les allers et retours dans la fosse. Le régime soutenu qui est le sien depuis le début des travaux, ne faiblit pas, mais je le sens au bord de la rupture.
J'avais proposé à Brigitte en plein stresse à l'idée de pouvoir rater son avion, de nous rendre dès ce soir à l'aéroport et y dormir dans le camping-car.
Avec Pierre nous nous concertons. Les sacs de Brigitte toujours dans l'auto, sont bouclés, je me prépare quelques affaires, nous libérons le garagiste du devoir qu'il s'est imposé de nous dépanner dans la journée et notre taxi du matin est rappelé. Direction l'Hôtel Och où Pierre réside pour l'instant. J'y prendrai une chambre pour cette nuit. Le taxi est embauché pour conduire dès ce soir onze heures trente mon équipière de ces deux premiers mois à l'aéroport et il reviendra à dix heures demain matin nous ramener au garage situé à plus de cinq ou six kilomètres.
En attendant, apéro d’accueil et d'au revoir dans le parking Q.G.
Mardi 7 mai
Dix heures, le garage est sous nos pieds. Notre mécano tout propre semble serein. Passage aux essais. Je me mets aux commandes, il monte à mes côtés. Dix mètres à peine et un bruit infernal monte du dessous du plancher. Retour sur la fosse. Mise sur cric, une des roues arrière décolle, mise en marche du moteur et je passe la première. Dans la fosse, deux yeux d'expert scrutent l'origine du bruit. Appelé à descendre dans la fosse je constate à mon tour les traces laissées par l'arbre de transmission sur le plancher. OUFF ! Ce n'est pas la boîte ! Une fixation de cet arbre sans doute mal remise. Démontage et remontage de deux boulons et ça y est, plus de bruits. Nouvel essai sur route : Tout est OK. Vidange, mise à niveau des boîtes, changement des filtres, remplacement d'un feu de gabarit resté dans une branche d'arbre, remplacement également de la batterie trop faiblarde, huilage des lames de la suspension qui grincent depuis Samarkand et c'est la douloureuse : 130 euros !
Retour à l’hôtel pour le blog. Mais la WIFI trop faible ne me permet pas de mettre en ligne. Bien au contraire une partie de l'Ouzbékistan disparaît. J'abandonne, espérant pouvoir régler le problème à Kashi en Chine après-demain.
Les quatre autres véhicules comme prévu ont déjà pris la route. À seize heures nous leur emboîtons les roues.
Simple curiosité policière….
Arrêt dans un village Khirghise pour acheter du pain. L’arrivée du 4X4 fait sensation.
La première yourte
Les retrouvailles sont fixées au lendemain, à Nura petit village planté à une vingtaine de kilomètres de la frontière Chinoise.
Après deux heures de route seulement, nous retrouvons trois des véhicules bivouaquant sur un emplacement que nous convoitions depuis un bon kilomètre.
Premier bivouaque pour Pierre…
Mercredi 8 mai
Grand beau apprécié après l'orage tombé hier sur le bivouac avant notre arrivée.
Pierre finit de prendre ses marques dans notre espace commun pour les quatre mois à venir. Le robinet tout frais débarqué de l'avion dans ses bagages prend place tranquillement sur l'évier en remplacement de l'ancien abîmé dès le départ.
Au matin les notables du village d’à coté viennent nous saluer. Une école sur notre route
Enfin prêts, tranquillement c'est à notre tour de partir pour Nura à la suite des autres, déjà en route.
Contrefort du Pic CHOKUSU où Pic Lénine 7134 m
Grandioses ces paysages de haute montagne, annonçant le gigantesque massif Himalayen. Déjà le col Taldik Ashuu perché à 3615m indique l'échelle des lieux
Crevaison au col. Gérard répare sur place.
…et le petit plus sera une crevaison pile au sommet pour mettre un peu de sel sur l'ambiance frisquette du secteur!
Montée du col de TALDIK 3765m
Impossible d'avancer : il faut filmer, photographier et déguster à petite dose ces visions d'une autre dimension.
Alors que Pierre nous conduit en flâneur, mes vingt années de passion alpine refont surface. Les visages disparus de Pierrot, Christian, Popaul et quelques autres refont surface. L'émotion est immense. J'ai du mal à la contenir. Je ne suis pas au volant, heureusement.
De l’autre côté, la Chine
À l'entrée de Nura tout le monde est à nouveau regroupé dans l'attente de la Chine pour demain.
Jeudi 9 mai
Il a plu et même neigé très bas. Nous sommes à 3200mètre d'altitude. À sept heures c'est le départ pour la conclusion de cette première partie du voyage : l'entrée en Chine.
Onze kilomètres plus loin, la frontière est encore fermée, mais il fait beau et les sommets tout blancs alentour montrent leurs glaciers.
En attendant l'ouverture, je prends un thé et mange un baigné aux pommes de terre dans le petit lieu de restauration du hameau misérable bâti ici. Ce ne sont rien d'autre que de vieux wagons désaffectés qui ont retrouvé une seconde existence qui composent la plupart des habitats de ce petit village Erkech-Tam.
La sortie du Kirghizistan se fait rapidement sans presque aucunes formalités. La Chine est enfin à portée de main après le passage de sa frontière. Là aussi peu de formalités, mais une organisation rigoureuse et très militaire, avec des douaniers arrivant à chaque véhicule au pas et commandés par un supérieur. Il nous est difficile de ne pas pouffer de rire en leur présence. Une idée comme une autre émanant des neurones de Bernard, est mise en application. Pour la fouille des véhicules nous prenons soin de laisser ostensiblement nos chaussures bien rangées au sol à la porte du véhicule. Il est ensuite très drôle de voire s'aligner à leur côté les brodequins des militaires.
Il est environ douze heures trente lorsque Nicolas, notre guide pour le début de ces trois mois en Chine se présente.
Deux postes de contrôle policiers et douaniers nous attendent à cinquante kilomètres plus loin. En attendant, interdiction de photographier et même de s’arrêter ! Mais la route s'avère être en terre. Elle est fréquentée par de nombreux camions et son état laisse à désirer. Nicolas accompagné d'un guide local est devant, dans un 4x4 conduit par un chauffeur. Notre allure est très lente du fait de l'état du sol de cette route en travaux. Mon véhicule plus lourd que les autres m'oblige à lever le pied et rester en dernière position. Les trous ne cessent qu'à l'occasion de rares plaques de goudron non encore défoncées.
Pierre m'a relayé au volant. A la sortie d'une mare d'eau profonde, large de plusieurs mètres, crevaison ! La mèche que je peux placer sans démonter la roue, s'avère insuffisante. Ce ne doit pas être un trou, mais une coupure !
Donc, bleu de travail, cric, croisillon et changement de roue. Le chauffeur du 4x4 de Nicolas étant revenu à nos côtés, donne un sérieux coup de main. Nous voici reparti depuis une demie heure environ. Pierre peine à éviter la multitude des trous présents. L'un d'eux déchire le flanc du pneu nouvellement en fonction. Nous sommes aussitôt sur la jante. Une voiture décharge ses occupants devant nous et voici les appareils photos qui photographient la scène et le bleu de travail qui s'agite à nouveau. Pour me débarrasser de ces voyeurs, je les renvoie sur la piste avec mission de rattraper et prévenir le groupe. A nouveau le cric, le croisillon, le chauffeur du 4x4 revenu et la mise en place de la deuxième roue de secours fixée sur le panneau arrière.
Ayant pris deux heures de décalage horaire à l'entrée dans le pays (nous sommes maintenant à six heures d'écart avec la France) nous arrivons au contrôle attendu, après sa fermeture. Réunion exceptionnelle des gradés en poste et quelques trente minutes plus tard, des fonctionnaires répondent à une convocation d'urgence pour s'occuper de notre passage. En peu de temps, l'atmosphère tourne à la convivialité, chaque douanier cherchant à visiter nos véhicules et à nous photographier. Nous prennent t-ils pour les aventuriers du siècle ? En tout cas ça finira par une photo de tous les gradés à nos côtés et un échange des clichés. La responsable du poste de contrôle nous demande toute fois de ne pas publier ces clichés. Comme dit Pierre, il ne manquait que les petits fours et l'apéro !
Les quatre vingt kilomètres restant jusqu'à notre parking dans un hôtel de Kashi nous prendront encore beaucoup de temps malgré l'amélioration de la route qui est maintenant goudronnée et presque bonne. L'extinction des feux ne s'est guère faite avant une heure trente. Dure journée Chinoise !